La part des véhicules électriques augmente, mais les ventes faiblissent

Le marché suisse des véhicules utilitaires neufs reste sous pression à la mi-2025. Au cours des six premiers mois, 18’589 camionnettes, camions et véhicules de transport de personnes ont été mis en circulation, soit une baisse significative de 17,2 pour cent par rapport à la même période de l'année précédente (22’440 véhicules). Cette chute est principalement due aux perspectives économiques et au cadre réglementaire. Les incertitudes liées au renforcement des valeurs limites de CO2 pour les véhicules neufs, à la modification prévue de la redevance sur le trafic des poids lourds liée aux prestations (RPLP) pour le déclassement des variantes de motorisation ou encore à la politique douanière américaine ne favorisent pas les investissements. Il y a toutefois aussi des signes positifs : la part des camions électriques a nettement augmenté.
Hésitation à investir, même dans les caravanes
Le recul touche tous les segments de véhicules, y compris les camping-cars. Leur nombre a diminué de plus d'un quart par rapport à l'année précédente, signe évident que le boom du camping déclenché par la pandémie de coronavirus est définitivement terminé. Les entreprises hésitent à investir dans le renouvellement de leur parc : la situation économique mondiale incertaine conduit de nombreuses entreprises à reporter leurs investissements dans de nouveaux véhicules à faibles émissions.
Les camions électriques gagnent du terrain
Malgré la faiblesse générale du marché, la demande de camions électriques continue d'augmenter. Au premier semestre 2025, 17,2 pour cent de tous les véhicules utilitaires lourds (plus de 3,5 tonnes de poids total) nouvellement immatriculés étaient entièrement électriques, un nouveau record. À titre de comparaison, cette part était encore de 8,4 pour cent pour l'ensemble de l'année 2024. Cette forte demande s'explique par la large gamme de produits disponibles, l'exonération de la redevance sur le trafic des poids lourds liée aux prestations (RPLP) pour les camions sans émissions et la possibilité de compenser proportionnellement la perte de charge utile. Cela rend les transmissions électriques attractives pour le secteur des transports en termes de coûts d'exploitation globaux, tout en maintenant la capacité de transport grâce à la transmission lourde.
Les camionnettes, baromètre conjoncturel
Le nombre de nouvelles immatriculations a également nettement reculé dans le segment des véhicules utilitaires légers (camionnettes et tracteurs à sellette légers jusqu'à 3,5 tonnes) : 13'539 véhicules ont été immatriculés au premier semestre, soit une baisse de 15,2 pour cent par rapport à la même période de l'année précédente. La prudence des consommateurs s'est donc encore renforcée. Cette catégorie de véhicules peut être considérée comme un baromètre conjoncturel, car les artisans et les petites et moyennes entreprises (PME) en particulier ne peuvent se passer de ces véhicules pour les services de livraison, le transport d'outils ou de matériel. Il est réjouissant de constater que la part de marché des camionnettes entièrement électriques a augmenté à 10,7 pour cent au premier semestre 2025 (contre 5,8 pour cent l'année précédente). Les hybrides rechargeables sont également de plus en plus utilisés et atteignent désormais une part de marché de 1,3 pour cent dans le segment des véhicules utilitaires légers.
La branche réclame des conditions-cadres fiables
Thomas Rücker, directeur d'Auto-Suisse, voit ces évolutions d'un œil mitigé : « L'augmentation de la part de marché des camionnettes et camions entièrement électriques est très réjouissante. Mais le recul simultané du marché global est extrêmement préoccupant. La réalité politique nous inquiète également beaucoup. Les objectifs en matière de CO2 ont été renforcés à partir de 2025, mais il manque des conditions-cadres fiables et favorables, notamment en ce qui concerne le réseau de recharge rapide pour les camions, la protection des investissements à long terme, par exemple dans la perspective du déclassement de la RPLP, ou encore la tarification de l'énergie. Il est donc impératif de mettre en place des incitations globales pour encourager le passage à des véhicules à faibles émissions. »
Le secteur a notamment critiqué à plusieurs reprises l'introduction rétroactive de l'ordonnance sur le CO2 par le Conseil fédéral. Rücker demande que les réglementations futures tiennent davantage compte de la réalité économique et des cycles d'investissement. Cela est particulièrement nécessaire actuellement, car d'une part, une nouvelle réglementation vise à rendre les camionnettes entièrement électriques plus attractives. D'autre part, le Parlement va bientôt débattre d'une adaptation de la RPLP. Toute erreur dans la réglementation aura des répercussions immédiates sur le transport de marchandises, soit sous la forme d'un arrêt prématuré des ventes de véhicules Euro VI, soit sous la forme d'une rentabilité moindre pour les entrepreneurs qui achètent des transmissions purement électriques.
Perspectives : optimisme prudent
Malgré tous les défis à relever, Auto-Suisse table sur une légère reprise du marché au second semestre 2025. Les membres estiment le marché total à 28'000 véhicules utilitaires légers et 3900 véhicules utilitaires lourds, à condition que la situation géopolitique ne se détériore pas davantage et que la demande en logistique respectueuse du climat se maintienne. Selon Rücker, le processus de transition vers des transmissions alternatives est irréversible : « Et avec les dossiers politiques à l'ordre du jour, des conditions-cadres enfin plus stables pourront être créées pour que le transport routier de marchandises puisse apporter une contribution décisive à la décarbonisation tout en restant un pilier important de l'économie suisse. » « Et avec les mesures politiques à venir, des conditions-cadres enfin plus stables pourront être créées afin que le transport routier de marchandises puisse apporter une contribution décisive à la défossilisation tout en restant un pilier important de l'économie suisse. »