« Certainement un nouveau modèle commercial »
De neuf à plus de dix ans, l’âge moyen d’une voiture de tourisme en Suisse a récemment augmenté. Cette évolution n’est pas forcément réjouissante pour les constructeurs, les importateurs et les concessionnaires de voitures neuves, mais elle assure le chiffre d’affaires des ateliers dans les garages – et peut aussi avoir un effet positif sur l’environnement, comme le montre une étude de la Fachhochschule Nordwestschweiz de juin dernier, commandée par l’association des fournisseurs de garages Swiss Automotive Aftermarket (SAA). Avec 21 % de véhicules électriques et 11 % de véhicules hybrides rechargeables parmi les voitures neuves (chiffres des trois premiers trimestres 2025), le nombre de véhicules branchés augmente également. Même si c’est plus lent que prévu, car il reste encore de nombreux défis à relever, qu’il s’agisse de la densité énergétique, du chargement pour les locataires ou de la disponibilité des matières premières et du taux de récupération. La question se pose de plus en plus de savoir comment insuffler une vie plus longue à une batterie défectueuse sans la remplacer complètement – d’autant plus qu’en tant que composant le plus cher d’une voiture électrique, elle représente bien 40 % de la valeur ajoutée.
Aujourd’hui, les constructeurs automobiles accordent généralement de longues périodes de garantie pour les batteries de traction, souvent huit ans ou 160 000 kilomètres, parfois même dix ans ou 200 000 kilomètres. En cas de garantie – par exemple après un défaut de cellule, un dommage interne au niveau de l’électronique de la batterie ou lorsque la capacité tombe en dessous de 70 pour cent – il est rare que la batterie entière soit remplacée pour des raisons de coûts. La plupart du temps, il s’agit de remplacer des modules ou des composants électroniques défectueux. Markus Peter, responsable technique & environnement à l’UPSA, constate que les batteries de traction des voitures électriques peuvent certes souvent être réparées, mais que c’est une opération complexe en raison de la diversité des systèmes de batteries et des différentes stratégies de réparation des fabricants. C’est pourquoi, pour certaines marques de voitures, ces réparations ne sont effectuées que dans des centres de réparation spécialisés.
Les batteries des modèles du groupe Renault, par exemple, sont réparées au centre de compétences pour les batteries chez Galliker Transport AG à Altishofen (LU). Dans ce centre de réparation, opérationnel depuis 2020, les problèmes peuvent être analysés et résolus localement. Le diagnostic est effectué à l’aide d’outils de diagnostic agréés par Renault. Il est possible de remplacer certains modules de batterie défectueux et de remplacer des connecteurs, des interrupteurs ou des commandes endommagés. Selon Renault Suisse, la clientèle apprécie que la batterie puisse être réparée en Suisse et que le véhicule soit à nouveau rapidement disponible. Il est important de mentionner que les batteries sont peu sujettes à des problèmes. « En principe, on peut s’attendre à un taux de réparation de moins d’un pour cent des batteries sur le marché », déclare à ce sujet Karin Kirchner, directrice de la Communication de Renault Suisse. « La durée de vie des batteries est très longue. Nous le savons par expérience, puisque les modèles Zoe et Kangoo sont déjà sur les routes suisses depuis 2013 ».
« D’autres constructeurs travaillent avec des spécialistes décentralisés. Pour ces travaux de réparation, le personnel doit pouvoir justifier d’une formation HV3 », constate Peter. Différentes méthodes de réparation s’imposeraient déjà en raison des différentes constructions de batteries et des différents types de cellules. Mais Peter est convaincu qu’un nouveau modèle commercial va certainement voir le jour pour les garages, « de manière plus ou moins prononcée selon la clientèle et dans un avenir plus ou moins proche ».
Les rappels de batteries seraient souvent traités par des services centraux, et le métier de garagiste n’aurait alors plus qu’à démonter et remonter la batterie. « Si une batterie doit être expédiée, les coûts de transport sont plus élevés, car une batterie lithium-ion haute tension est une marchandise dangereuse selon l’ONU 3480, qui est soumise à la réglementation ADR/SDR ». Comme la limite d’exemption de 333 kilos est généralement dépassée, le garage doit faire appel à un responsable des marchandises dangereuses. « De plus, il faut respecter des règles de transport plus étendues », prévient Peter. Autre exemple de constructeur : chez les concessionnaires BMW, il est généralement possible de réparer les batteries des véhicules tout électriques et des hybrides rechargeables jusqu’à la cinquième génération actuelle en remplaçant individuellement les composants tels que les modules de stockage, les modules de surveillance des cellules, l’électronique de gestion du stockage, le câblage et les éléments de séparation pyrotechnique. « Pour la réparation des systèmes de batterie à partir de la génération six – pour la première fois dans la prochaine iX3 – un centre de réparation est en cours de construction en Suisse », précise Fabio Zingg, porte-parole de BMW Suisse.
La réparation des batteries doit être encouragée, ne serait-ce que parce qu’en plus de la part croissante de voitures entièrement électriques, de nombreux véhicules hybrides rechargeables équipés de batteries lithium-ion sont mis sur les routes. En principe, il faut aussi retenir, dit Markus Peter, que dans de nombreux cas, les pannes et les dysfonctionnements du système de propulsion électrique ne proviennent pas du tout des modules ou des cellules de la batterie, mais sont causés par des erreurs dans l’électronique de commande ou dans la gestion thermique. Des études et des expériences pratiques dans les ateliers montrent que la durée de vie, respectivement la capacité résiduelle des batteries de traction après dix ans, est nettement plus importante que prévu. D’autant plus, explique Peter, qu’en raison d’une meilleure régulation de la température de fonctionnement et des processus de charge, les cellules sont sollicitées de manière beaucoup plus douce que les batteries lithium-ion des smartphones ou autres petits appareils.
Chez Bosch, le géant de l’aftermarket, Luca Francucci, responsable du marketing de la technique automobile chez Robert Bosch AG Suisse, doit pour l’instant faire profil bas : en Suisse, contrairement à l’Allemagne et à l’Autriche, il n’y a aujourd’hui pas encore d’autorisation pour les kits de réparation de batterie de Bosch, et la date de cette autorisation n’est pas encore connue. Qu’en est-il par exemple de Hostettler ? Avec le concept de garage eGarage, Hostettler Autotechnik AG dispose depuis cinq ans d’un réseau d’entreprises spécialisées qui sont mises en réseau avec des partenaires du secteur de l’électricité et des fournisseurs de l’industrie automobile. Les collaborateurs d’eGarage sont formés spécifiquement dans le domaine de la haute tension et les exploitants sont équipés de l’infrastructure et des outils spéciaux correspondants. Grâce à son offre de formation et de formation continue couvrant toutes les marques, Hostettler acquiert un savoir-faire technique et développe des cours autour de l’électromobilité. En outre, Hostettler a pu reprendre les activités après-vente pour la marque chinoise JAC. Markus Schwendimann, propriétaire et directeur de SIAG Automobile AG à Sursee (LU), confirme la bonne collaboration de son entreprise membre de l’UPSA au sein de l’association eGarage. « Dans les batteries de modèles JAC, nous pouvons remplacer des modules si nécessaire. Mais il est aussi possible de tester et d’équilibrer des cellules individuelles ». En général, les batteries sont fiables, constate Schwendimann.
Conclusion : Le thème de la réparation des batteries n’en est encore qu’à ses balbutiements – notamment parce que les batteries de traction s’avèrent très durables, contrairement à tous les pronostics pessimistes. Mais peu à peu, le remplacement des modules, y compris d’autres réparations sur la ligne à haute tension, devient un thème non seulement pour les entreprises spécialisées, mais aussi pour les représentations de marques – et justement, par le biais des modules correspondants des concepts de garages, également pour les exploitants indépendants. Peut-être pas encore un pilier du chiffre d’affaires – mais un thème pour assurer l’avenir.